Dégustation à la carte
La bâtisse du XVIIe siècle pourrait intégrer la liste des monuments à voir pendant les journées du patrimoine, pour son histoire. Les propriétaires ouvrent déjà les portes aux visiteurs -sur rendez-vous- pour une découverte du domaine, des vignes et du vin et l’histoire n’est jamais très loin…
Rencontre avec Daniel Stehelin, propriétaire des lieux.
Recevoir les visiteurs, c’est transmettre. Que dévoilez-vous ?
Une part de mon travail, ses étapes. La magie de la transformation et un peu de l’âme du domaine. Je suis un grand bavard, j’aime raconter ma passion. Si je n’imposais pas des rendez-vous, je n’aurai plus le temps de travailler dans les terres !
Château Mont Thabor, c’est 7 hectares de vignes dont 5 en appellation Châteauneuf-du-Pape. Nos visiteurs découvrent avec ma fille, Fanny, ou moi, le process de vinification, traditionnel, avec élevage en cuve ou barrique. Une séance dégustation clôt la visite ; on y parle cépages, assemblages, arômes.
C’est le moment où les gens apprennent que nos vins sont en grande partie exportés à l’étranger. C’est une fierté pour nous de commercialiser nos bouteilles à l’international.
Votre demeure a une histoire particulière, la racontez-vous aussi ?
Les gens aiment les histoires hors du commun et la nôtre fait aussi l’identité du domaine. Difficile de ne pas en parler. Il arrive même que certains visiteurs en sachent plus que moi.
Mais il y a le vin et l’histoire. Après le passé lointain, je préfère expliquer comment mon grand-oncle puis mon père ont fait évoluer le domaine. Pourquoi j’ai arrêté en 1977, la vente du vin en vrac par respect pour le travail fourni, pour la qualité du raisin. Je raconte aussi la transformation de la grange à diligences en cave et l’atelier de cardage qui a longtemps été une activité florissante. Et les noms de nos vins sont souvent des clins d’œil à l’histoire du Mont Thabor.
Le Mont Thabor
Une fois franchi le haut portail de fer forgé, le chemin de terre mène à une grande cour plantée d’arbres donnant sur un mas et ses dépendances qui n’ont rien d’un château.
La propriété appartient à la famille Stehelin depuis 1881. Année où Fritz le grand oncle, venu de Suisse rachète et s’installe dans ce qui fut le relais de diligences de François Poulin. Un homme fantasque qui a légué une partie de sa fortune à Bédarrides à condition de développer l’école publique pour tous et qui serait enterré non loin, avec le cœur de sa maîtresse.
Auparavant, le mas appartenait au marquis de Vaucroze qui le mit à disposition d’un moine défroqué. Ce dernier, en 1784 rebaptisa le lieu « Mont Thabor » et en fit le centre névralgique du mouvement des « Illuminati d’Avignon » et le laboratoire de recherche de la pierre philosophale. Mais pas d’inquiétude, aucun fantôme en vue, la vigne et le vin ont pris toute la place !