Récupagrie, pionnier en Europe

L’interview
L'écho des Sorgues du Comtat 50
Michel Recordier, préside l'association d'agriculteurs vauclusiens qui récupèrent les plastiques de leurs exploitations.

Plus de 10 ans avant les mesures de restriction de l'usage des plastiques, une initiative unique dans la collecte des déchets plastiques agricoles a vu le jour sur le territoire des Sorgues du Comtat. Michel Recordier, témoigne de l'ascension de la plateforme associative d'agriculteurs devenue un modèle unique en Europe. 

Dans quelles circonstances est née l'association Récupagrie ?

En 2006, nous étions une vingtaine d'agriculteurs locaux à chercher une solution pour nos déchets professionnels en vue de leur recyclage. Notre objectif ? Offrir aux agriculteurs du territoire la possibilité de déposer leurs déchets agricoles (sacs d'engrais, goutte-à-goutte, bâches pour serres, petites chenillettes, sac pour paillage blancs ou de couleurs) sur notre site, afin que ces produits ne finissent dans la nature. Nous voulions éviter de les enfouir ou de les brûler. 
Notre projet de collecte des plastiques usagers a reçu l'appui du syndicat des exploitants agricoles de Vaucluse et de la Chambre d'agriculture avec pour partenaire ADIVALOR, la filière de recyclage de tout le plastique agricole français. La mairie de Monteux a mis un terrain à notre disposition aux Mourgues où nous nous sommes installés.  

Comment a évolué votre structure au fil des ans ?

En 2018, la communauté de communes des Sorgues du Comtat a aménagé, en limite de la déchetterie intercommunale des Jonquiers à Pernes les Fontaines, le site actuel plus adapté au développement de notre activité avec un pont bascule et un espace qui s'étend sur 6 000 m2. Je suis allé voir le Département et la Région qui nous ont également apporté leur aide financière. 

Il faut souligner que nous sommes la seule plateforme d'Europe gérée par des agriculteurs bénévoles qui récupère les plastiques agricoles. Aujourd'hui nous comptons 385 adhérents qui trient chaque type de plastique afin de faciliter leur recyclage. Nous travaillons avec plus de cinq intercommunalités. Nous avons doublé notre volume depuis 2016, atteignant 1336 tonnes en 2023. Nous participons à la préservation de l'environnement mais aussi à la valorisation de ces plastiques qui bénéficient d'une nouvelle vie grâce à la filière.  

Quelles sont les perspectives d'avenir pour Récupagrie à l'horizon du zéro plastique de 2025 ? 

Cela semble un peu compliqué en raison du manque d'usines de transformation. En Chine, ils fournissent des matières neuves à des prix défiant toute concurrence. Le recyclage coûte plus cher. Mais nous avons une nouvelle unité de traitement des plastiques qui s'est implantée à Vendargues dans l'Hérault. Ce sera une force pour l'avenir en raison de sa proximité géographique.